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G.R.E.P.O. FRANCE

Valérie Le Chevalier, Ces fidèles qui ne pratiquent pas assez… quelle place dans l’Eglise ? 13 euros, 112 pages, éditions Lessius (format livre de poche), 2017 réédité.

13 Février 2022 , Rédigé par Christophe Decherf - Jo Pourriel Publié dans #A LIRE

Valérie Le Chevalier, Ces fidèles qui ne pratiquent pas assez… quelle place dans l’Eglise ? 13 euros, 112 pages, éditions Lessius (format livre de poche), 2017 réédité.

Regard croisé sur le livre de Valérie Le Chevalier, Ces fidèles qui ne pratiquent pas assez… quelle place dans l’Eglise ? 13 euros, 112 pages, éditions Lessius (format livre de poche), 2017 réédité. Deux membres du Grepo donnent leur avis après avoir lu ce livre (qui se lit très facilement).

J’ai aimé ce petit livre déroutant dans son titre. L’auteure s’intéresse aux catholiques « invisibles » dans nos églises, ceux qu’on rencontre dans les demandes de sacrements baptêmes, mariages, funérailles ou dans le compagnonnage quand nos convictions et notre foi se disent. Ils aiment l’Eglise, mais ne sont pas « pratiquants ». Or voilà le problème dit-elle : nous avons malheureusement appris à distinguer les « pratiquants » de ceux qui ne le sont pas. Pas étonnant qu’ensuite nous passions (complétement) à côté de ce qu’ils portent d’attention à l’humain, de solidarités, quelquefois bien plus actives que les nôtres, de capacité de réaction aux urgences, de faire société et faire planète. Nous ne nous intéressons pas à leur parole et à leur vie. Jésus n’était jamais dans une telle distinction. Beaucoup de ses contemporains l’ont suivi de façons différentes et ils sont nombreux ceux qui notamment sont désignés comme ses « disciples ». Et si nous mettions en premier la réalité du baptême que nous avons en commun avec beaucoup de celles et ceux que nous rencontrons ! Nous considèrerons alors autrement la largeur de la tente Eglise. L’auteure nous rappelle ainsi à la filiation avec Dieu et l’engendrement par le Père que nous avons en commun, tous baptisés, et même plus largement, tous humains. C’est l’approfondissement de cette filiation dit-elle qui peut nous rendre plus « frères » (p. 98).      

                                               Christophe Decherf (Cambrai)

 

Sur cent Français, cinq participent à l'eucharistie dominicale, tandis qu’à peine la moitié se dit catholique. Valérie Le Chevalier, secrétaire de rédaction des Recherches de science religieuse (RSR) et enseignante au Centre Sèvres, propose un regard, fondé sur une analyse minutieuse du texte évangélique. Elle distingue divers cercles parmi ceux et celles qui fréquentent Jésus – la foule, les disciples, les Apôtres, mais aussi tous ces autres qui ne sont pas appelés mais renvoyés chez eux : « Va en paix, ta foi t'a sauvé ! » En montrant comment le modèle exemplaire du « disciple » n'épuise pas les différentes manières de suivre ou de « pratiquer » Jésus, l'auteure propose de dépasser ce que le pape François nomme une économie de l'exclusion, pour éviter le clivage entre un peuple majoritaire de croyants non pratiquants et l'Église-institution.

Valérie Le Chevalier a cette image de l’iceberg pour faire comprendre une certaine complémentarité : plus la masse immergée est volumineuse, plus l’iceberg est stable et pérenne. Le rapport entre l’Eglise visible et l’Eglise cachée ou disséminée n’est pas un rapport d’opposition, mais de complémentarité, de dynamisme’

Dès lors, un nouveau questionnement de la pastorale et de la théologie est rendu possible et même nécessaire, selon Christoph Theobald qui préface l'ouvrage. L'itinéraire de ces « fidèles baptisés », leur glissement du religieux au spirituel, leurs valeurs et leurs croyances manifestent un type de foi élémentaire qui recèle des potentiels pour le Royaume. Mais aussi des risques, faut-il ajouter. Car, à force de déserter les églises, on se prive de nourrir cette foi par l'écoute de la parole de Dieu. Ainsi se vérifie le jugement de Paul Ricœur : « Séparées de l'expérience spirituelle qui les fonde, les valeurs sont comme des fleurs coupées dans un vase. » Elles sont belles, mais ne durent pas.

Christoph Théobald poursuit : Qu’est-ce qui se passe quand la proportion des absents et présents se déplace en défaveur de ces derniers ? Comment s’intéresser envers et contre tout à ces ‘absents’ ? Pas de stratégie de récupération, mais se rendre simplement présents auprès de ceux qui ne pratiquent que très rarement ou plus du tout, personnes qu’ils connaissent finalement si peu. C’est l’invitation à ‘sortir’, à les regarder autrement, de façon moins obsédée par la ‘pratique’ et d’honorer chaque fidèle pour ce qu’il est en vérité. L’enjeu principal est d’identifier la ‘foi’ des baptisés peu pratiquants et aussi de ceux et celles qui ne se situent pas du tout dans l’orbite de la tradition chrétienne, tout en engageant une ‘foi’ leur permettant d’aller jusqu’au bout de l’aventure qu’est leur existence = ‘La foi élémentaire’.

Jo Pouriel (Rennes)

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